Jean Guibert
France
1937-2019
Obituary:
J’ai l’immense tristesse de vous annoncer le décès de Jean Guibert, survenu
vendredi dernier 8 mars, à 82 ans, des suites d’une pneumonie foudroyante.
Après des études au lycée de Poitiers, il est entré en 1957 à l’École Normale
Supérieure. Ayant obtenu l’agrégation de physique en 1961, il a enseigné au
Maroc, puis à Nîmes pendant son service militaire, enfin de nouveau à Rabat.
Revenu en France en 1966, il est entré à l’Observatoire dans le groupe de
radioastronomie. Il fut un des premiers utilisateurs du Grand Radiotélescope de
Nançay, et l’un des quatre signataires de l’article de 1969 qui donne pour la
première fois la distance de pulsars, obtenue grâce à l’absorption de leur
rayonnement par l’hydrogène interstellaire dans la raie à 21 cm. Sa thèse,
soutenue en 1973, porte sur l’émission dans cette raie de la galaxie d’Andromède
M 31. Puis il a travaillé à Nançay à l’observation des raies de la molécule OH
dans le milieu interstellaire et les étoiles géantes froides, ainsi qu’à la
théorie de l’émission thermique ou maser de cette molécule. Il a assuré la direc!
tion du Département de Radioastronomie (DERAD) de 1979 à la réorganisation de
1980-81.
C’est alors qu’a été décidée la construction de la MAMA, machine à digitaliser
et mesurer les clichés photographiques. Changeant totalement d’activité, Jean
Guibert s’est vu confier en 1983 la responsabilité de cette machine qui a été
mise en service en 1987. En 1990, il a été nommé directeur du Centre d’Analyse
des Images créé autour de la MAMA. Une grande partie de l’activité de cet
appareil a été consacrée à la digitalisation et à la mesure des plaques des
grands relevés réalisés avec les télescopes de Schmidt, et aussi d’un très grand
nombre de plaques de la Carte du ciel photographiées à la fin du 19e siècle et
au début du 20e, dans le but d’obtenir des mouvements propres et de détecter des
étoiles variables. À partir de 1989, les observations du satellite Hipparcos ont
pu également être utilisées. Les excellentes qualités astrométriques et
photométriques de la MAMA ont été mises à contribution par Jean et ses c!
ollaborateurs pour plusieurs grands programmes d’astronomie galactique et
extragalactique : mouvements propres dans les amas ouverts, microlensing,
recensement d’étoiles variables ou à excès d’ultraviolet, étude des queues de
marée des amas globulaires, cartographie de la galaxie naine du Sagittaire,
détection automatique de galaxies actives et de quasars, etc. L’action de Jean
Guibert autour de la MAMA fut un grand succès, mais sa modestie a fait qu’elle
n’a pas toujours été complètement reconnue.
La MAMA a cessé progressivement son activité devant la concurrence des grandes
mosaïques de CCD, mais les compétences acquises par Jean lui ont permis de
prendre une part active à l’utilisation de ces mosaïques, au programme DENIS
d’exploration stellaire dans l’infrarouge, etc., et à s’impliquer dans
l’Observatoire Virtuel. Son activité a ainsi continué bien après son départ en
retraite.
Jean Guibert était quelqu’un de très sympathique, chaleureux et avec beaucoup
d’humour. Il avait l’intelligence du cœur en plus de celle de l’esprit.
Passionné et exigeant avec les autres comme avec lui-même, toujours disponible,
il était proche de ses collègues et de ses nombreux étudiants, avec lesquels ses
collaborations ont toujours été aussi agréables que fructueuses. Il laisse un
vide dans notre communauté.
Nos condoléances et notre sympathie en ces circonstances douloureuses vont à son
épouse Catherine Turon, et à sa famille.
Bien cordialement,
Claude Catala